Dans cette interview Matthieu Poux, archéologue, revient sur la découverte et l’histoire du Plateau de Corent.
Qu’est-ce que le Plateau de Corent ? Pourquoi les arvernes avaient choisi ce lieu ? Quelles relations entre le Plateau de Corent et celui de Gergovie ?
Matthieu répond à toutes ces questions au cours de l’interview.
Quelle est la découverte qui vous a le plus marqué à Corent ?
“Sans hésiter : le petit théâtre mis au jour en 2011 près du sanctuaire, dont les premières constructions remontent à l’époque gauloise. Mais il est difficile de faire le tri, parmi toutes les richesses que peut livrer une grande cité comme l’était Corent à l’aube de la conquête romaine? Une cave remplie d’amphores, un trophée d’armes, une paire de fibules en or, sont autant de découvertes qui modifient notre vision des sociétés de cette période.”
Pourquoi ce lieu ?
“Le choix des Arvernes s’est d’abord porté sur la Limagne, fertile et ouverte sur la Gaule. Le site de Corent assurait le contrôle du cours de l’Allier et ses débouchés vers la Méditerranée. Naturellement défendu par des falaises et pourvu en eau potable, il disposait d’atouts stratégiques qui expliquent pourquoi il a connu plusieurs périodes d’occupation majeures, de la Préhistoire récente à l’époque romaine.”
Quelles relations entretenait Corent avec le site de Gergovie ?
“S’il est maintenant bien établi que les deux sites ont coexisté à l’époque de la guerre des Gaules, celui de Corent est le plus ancien et a perduré à l’époque romaine. Gergovie est définitivement identifié au lieu de la fameuse bataille. Mais les indices d’une cité gauloise y sont encore ténus. À l’arrivée de César, les deux oppida formaient peut-être, avec celui de Gondole, les pôles d’activité d’un même ensemble urbain qui s’étendait sur tout ce secteur de l’Allier.”
Que s’est-il passé à Corent à l’arrivée des romains ?
“Contrairement à ce qu’on a longtemps pensé, la cité gauloise a continué à se développer après la conquête romaine. Grâce aux officines de céramique sigillée implantées en contrebas du plateau, aux Martres-de-Veyre, cette agglomération datée d’un sanctuaire et d’un théâtre a prospéré jusqu’à la fin du IIe siècle de notre ère.”