Un peu d’histoire…

Le Moyen-âge s’étend de la chute de l’Empire romain en 476 à celle de l’Empire byzantin en 1453. Cette longue période est divisée entre le Haut Moyen-âge, qui prend fin aux alentours de l’An mil, et le Bas Moyen-âge. L’époque romane s’inscrit dans cette seconde période pour laisser peu à peu le pas à l’esthétique gothique, aux alentours de 1180.

Le baptême de Clovis Ier ou le couronnement de Charlemagne à Rome en 800 traduisent l’implantation progressive du christianisme au sein du royaume franc. Parallèlement, l’écriture va se développer chez les ecclésiastiques, donnant ainsi à l’Eglise un pouvoir grandissant.
Au IXe siècle, les invasions barbares se succèdent et provoquent le morcellement de l’empire franc, partagé entre les trois petits-fils de Charlemagne lors du traité de Verdun en 843. Cet éclatement va entraîner l’essor du régime féodal qui sera à l’origine du développement soudain de l’architecture militaire.
Dans un même temps, l’architecture religieuse voit ses caractéristiques se prononcer : les voûtes remplacent désormais les charpentes, les murs et les supports se renforcent. C’est la naissance de l’architecture romane pure vers l’An mil et le retour et l’essor de la sculpture et de la peinture murale.
Cette époque, bouillonnante d’idées, a été marquée par la volonté de tout recréer : l’économie et la religion, les institutions et l’architecture, la technique et l’art, tant et si bien que les uns la trouveront brouillonne, les autres débordante d’imagination et d’initiatives. Cette envolée créatrice connaîtra ses premiers aboutissements assagis avec le XIIe siècle.

 

Art symbolique et sacré, l’Art roman s’est donc épanoui à travers l’Europe occidentale des XIe et XIIe siècles, transformant les villes et les villages en un gigantesque chantier où se mêlaient théologie, philosophie, poésie, géométrie mais aussi amour et spiritualité. Et si, d’un point de vue politique, l’Auvergne resta longtemps plongée dans un contexte de troubles et de luttes face au pouvoir royal, son unité culturelle et artistique demeure exemplaire.

L’Art roman en basse Auvergne

La Basse-Auvergne, dont la zone géographique rassemblait alors le département du Puy-de-Dôme, une partie de celui de l’Allier, le nord du Cantal et l’arrondissement de Brioude en Haute-Loire, fut largement marquée par cette explosion artistique. Haut lieu intellectuel de la chrétienté, cette région va, en moins de deux siècles, se couvrir d’un « blanc manteau d’églises », selon l’expression du célèbre chroniqueur Raoul Glaber : ce sont en effet plus de 600 édifices qui furent bâtis à cette époque. Aujourd’hui encore, quelques 250 églises, témoins d’un XIIe siècle prospère, peuvent être visitées. Parmi elles, les églises de Notre-Dame du Port à Clermont, de Saint-Nectaire, de Saint-Saturnin, la basilique de Notre-Dame d’Orcival ou l’abbatiale Saint-Austremoine d’Issoire constituent les chefs-d’œuvre les plus aboutis. Ce sont ces monuments que l’on rassemble, depuis le XIXe siècle, sous le terme d’églises « majeures » en raison de leurs caractéristiques communes. Outre leur plan traditionnel en forme de croix latine, inspiré des grandes basiliques romaines, les grandes églises romanes auvergnates adoptent généralement la disposition suivante, dictée par une symbolique très forte :

– un chevet très développé et richement décoré, car dédié aux saints et à la Vierge. Grâce à son orientation vers le soleil levant, le chœur se trouve inondé de lumière.

– à l’opposé, le porche, traité de manière plus sobre, était conçu pour accueillir les catéchumènes. A l’origine, cette partie de l’église renfermait souvent des chapelles funéraires et des reposoirs, quelquefois décorés d’effrayantes scènes peintes représentant le Jugement Dernier.

Le chevet est donc toujours orienté et doté d’une abside principale, souvent précédée d’une travée droite. Les édifices de grande dimension accueillent en outre plusieurs chapelles rayonnantes, et parfois même un déambulatoire, conçu initialement pour permettre le passage des pèlerins et séparé du sanctuaire par des colonnes surmontées de chapiteaux. De l’extérieur, cet étagement de formes architecturales circulaires donne au visiteur l’impression d’admirer une vaste et majestueuse pyramide. Cet effet est renforcé par la présence sur le transept du « massif barlong », formidable solution architecturale permettant d’accueillir un clocher octogonal de grande dimension. Ce dernier est généralement coiffé d’une grande flèche à angle aigu, qui confère à la silhouette du chevet une forme élancée.

Les cryptes sont nombreuses en Basse-Auvergne. Elles constituaient les fondations du chevet pour les édifices de grande dimension. Leur plan ressemble logiquement à celui du chœur, situé au-dessus, et offre parfois des dispositions particulières : à Orcival, Issoire ou St-Saturnin, des petites ouvertures sont aménagées dans les dalles du chœur et du déambulatoire, et font penser à de la dentelle de pierre. Ces orifices permettaient aux pèlerins d’apercevoir les reliques situées dans la crypte et constituaient aussi une aération pour cette dernière. On y accède par un ou deux escaliers situés dans le transept, parfois reconstitués postérieurement.

C’est dans la nef que les fidèles avaient pour habitude de se rassembler régulièrement. Au-delà de sa fonction religieuse, cette partie de l’église faisait souvent office, durant le Moyen-âge, de lieu de réunion ou de fête.  Les grandes nefs, comportant deux étages, sont dotées de bas-côtés, que les pèlerins empruntaient lors de leurs déambulations, et de tribunes, situées en hauteur et offrant une position privilégiée qui permettait quelques fois aux habitants du village de se défendre contre les attaques des seigneurs voisins.

A l’extrémité occidentale des églises romanes auvergnates, se trouve le porche, ou narthex, que l’on emprunte pour pénétrer dans la nef. Dépourvu de toute décoration, à l’exception de quelques portails sculptés, le narthex avait été conçu pour accueillir les hommes et femmes en voie d’être baptisés. Cet espace était ouvert sur la nef, permettant ainsi aux catéchumènes d’assister aux offices. Ce sont dans les maçonneries des parties latérales de cette partie de l’église que se trouvent les escaliers à vis qui conduisent aux tribunes.

Avec ses nombreuses caractéristiques originales et affirmées, l’Art roman auvergnat est en somme un art précoce, riche et fécond.

 

  • © Pierre Deneuve
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    Eglise romane de St Saturnin
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    Peinture murale - église de Jonas
  • © Pierre Deneuve

Le grand chantier roman

Bien que nous ayant laissé un patrimoine riche et nombreux, les architectes romans auvergnats demeurent pourtant peu ou mal connu, peut-être parce que loin de nous, non pas tant chronologiquement que culturellement en raison des références philosophiques, des croyances d’alors parfois difficiles à appréhender aujourd’hui : Comment pensaient ceux qui conçurent et développèrent cette esthétique, pourquoi ont-ils bâti et sculpté ainsi ? Bien des questions restent aujourd’hui encore sans réponse.
Sur le chantier, les bâtisseurs avaient chacun leur rôle : carriers, tailleurs de pierre, sculpteurs, assembleurs, charpentiers, peintres, maîtres verriers, ferronniers, contremaîtres et bien sûr architectes travaillaient de façon solidaire.
Un demi-siècle était souvent nécessaire pour édifier des églises comme l’abbatiale Saint-Austremoine d’Issoire. Si, la plupart du temps, les hommes utilisaient la pierre qui se trouvait à proximité du lieu de construction, il leur arrivait parfois de se rendre dans des carrières situées à des dizaines de kilomètres du chantier.
Les échafaudages métalliques que nous connaissons aujourd’hui n’existaient pas. Aussi fallait-il abattre des forêts entières pour constituer des armatures de bois qui permettaient aux bâtisseurs d’élever murs, arcatures et voûtes. Même si le souci d’économie était toujours de rigueur, il paraît évident que le paysage des campagnes de cette époque d’effervescence architecturale s’en trouva profondément métamorphosé. Ces échafaudages de bois étaient solidement ancrés aux parois de l’église pour éviter que le vent ne les emporte. Les orifices aménagés dans la maçonnerie et dans lesquels les bâtisseurs enfonçaient les échafaudages de bois s’appellent  les « trous de boulins ». Ils sont visibles sur la plupart des églises de la région. D’autre part, si l’on observe attentivement la surface des pierres de nos églises romanes, on peut parfois remarquer des signes gravés. Ces signes peuvent avoir plusieurs significations : ils étaient quelquefois effectués par les carriers qui dégrossissaient les grands blocs de pierre brute pour indiquer aux convoyeurs la destination de cette matière première. Ces signes pouvaient aussi être gravés par les tailleurs de pierre sur le chantier de construction d’une église pour situer dans quel secteur du bâtiment un bloc devait être posé : pilier, mur gouttereau, escalier, etc. Des marques de pose ou d’assemblage indiquaient souvent au maçon comment placer les pierres les unes par rapport aux autres : pose verticale, assemblage horizontal. Enfin, les marques de tâcherons permettaient au Maître d’œuvre de savoir combien de pierres chaque ouvrier avait taillé dans la journée, afin de le payer en fonction de sa productivité. Si vous vous promenez le long du chevet de l’abbatiale de Saint-Austremoine ou dans la nef de la basilique de Notre-Dame d’Orcival, vous verrez de nombreuses marques de ce type. Ces dernières constituaient un véritable moyen de communication entre les travailleurs, les architectes, les chefs d’équipes. Elles permettaient de coordonner l’organisation du chantier, mais aussi d’identifier le travail de chacun.

Un mot sur la sculpture romane auvergnate

La sculpture romane auvergnate, tout comme l’architecture, démontre une production caractéristique et variée. A l’extérieur des monuments, elle prend place sur les corniches et les modillons qui les soutiennent, sous la forme de masques humains, de singes grimaçants ou de monstres terrifiants. Des assemblages de pierres polychromes ornent souvent les chevets des grandes églises de la région, rappelant, par leurs motifs géométriques, l’art de la mosaïque byzantine. Les portails ne sont pas épargnés par la décoration et plusieurs exemples remarquables sont à retenir comme celui de Notre-Dame du Port à Clermont ou de Notre-Dame de Mailhat. La nature fut également une source d’inspiration privilégiée des bâtisseurs romans auvergnats. Ces derniers aimaient à observer les différents degrés d’éclosion des fleurs et à les sculpter sur les portails des églises pour matérialiser le cycle du temps ou des saisons. Un véritable calendrier végétal est ainsi symbolisé sur le chevet de l’église Notre-Dame de Mailhat, tout près d’Issoire.

Mais la sculpture est surtout présente à l’intérieur des églises. Elle prend essentiellement place sur les chapiteaux, sous la forme de motifs végétaux ou des représentations populaires difficiles à interpréter, inspirées la plupart du temps des bestiaires fabuleux de l’Antiquité ou de scènes de la vie de tous les jours. Griffons, centaures, sirènes et dragons côtoient ainsi des atlantes, montreurs de singes, bûcherons ou chasseurs de lièvres, sans que l’on puisse donner une signification exacte à la présence de tous ces êtres tantôt fantastiques, tantôt anodins.

Les représentations inspirées des Ecriture Saintes trouvent plus généralement place dans le chœur. Plusieurs cycles complets sont à noter dans le déambulatoire des églises de Saint-Nectaire, Saint-Austremoine d’Issoire ou Notre-Dame du Port à Clermont. La vie du saint fondateur, le cycle de Pâques ou le combat des vices et des vertus y sont merveilleusement figurés.

Outre le fait de souligner l’architecture, la sculpture monumentale jouait un rôle primordial en matière d’ornementation et d’un point de vue symbolique. Souvent moralisatrice, elle permet tantôt d’enseigner les vertus édictées dans la Bible, tantôt de mettre en garde contre les horreurs de l’enfer qui attendent les âmes pécheresses.

  • © Pierre Deneuve
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La peinture murale romane en Auvergne

Outre une époque de prouesses architecturales et sculpturales, l’époque romane est aussi celle des Arts de la couleur par excellence. Avec la floraison de l’enluminure, la couleur va envahir les manuscrits, sous la forme de riches initiales et d’entrelacs. De la même manière, les Hommes du Moyen-âge vont vouloir décorer leurs églises par tous les moyens. C’est ainsi qu’ils peignirent les murs de couleurs éclatantes et installèrent des vitraux pour illuminer l’intérieur de l’édifice. En Auvergne, plusieurs sites détiennent des chef d’œuvre en matière de peinture murale médiévale comme les grottes de Jonas, la basilique St-Julien de Brioude, le réfectoire de l’abbaye de Lavaudieu ou la salle capitulaire du monastère de Saint-Austremoine d’Issoire.

La cité troglodyte de Jonas a été creusée par les hommes du Moyen-âge dans une falaise de tuf volcanique. Depuis leur origine, ces grottes ont été habitées par des moines. Une chapelle fut creusée au-dessus de l’oratoire du monastère dans laquelle de magnifiques fresques du XIe siècle ornent les murs. Cinq scènes sont peintes, représentant le Reniement de St-Pierre Pierre, Jésus recevant la couronne d’épines, la descente de Croix, la découverte du tombeau vide et la Vierge trônant avec l’enfant Jésus sur les genoux. Nous avons affaire ici à la véritable technique de la fresque, qui consiste à peindre sur un enduit frais, comme cela se faisait durant l’Antiquité. Les couleurs sont définitivement fixées dans l’enduit lors de son séchage.

Lavaudieu fait partie des « plus beaux villages de France ». Son abbatiale St-André, construite aux XIe et XIIe siècles, possède le seul cloître d’Auvergne entièrement d’origine. Les peintures murales de l’ancien réfectoire sont de purs chefs d’œuvre. Le mur est de cette magnifique salle voûtée se trouve en effet orné d’une remarquable fresque de la fin du XIIe siècle. Dans le registre supérieur, le Christ est entouré des quatre évangélistes, tandis que dans le registre inférieur, la Vierge en majesté est accompagnée de deux anges et des douze apôtres. Dans cette représentation, l’influence de l’art byzantin est évidente

La basilique St-Julien de Brioude, quant à elle, possède aussi quelques vestiges des peintures à fresques romanes qui ornaient autrefois entièrement ses murs intérieurs. Il s’agit essentiellement de motifs décoratifs recouvrant les piliers de la nef et qui datent du XIe siècle. Les murs et la voûte de la chapelle St-Michel, située au second niveau du narthex, offrent également un superbe Jugement Dernier du XIIe siècle. Certaines de ces représentations sont à comparer avec les fresques de la salle capitulaire de l’ancien monastère de St-Austremoine à Issoire, visibles au Centre d’art roman Georges-Duby. Datées du XIIIe siècle, ces dernières décrivent plusieurs scènes inspirées des Saintes Écritures. Le mur sud accueille le Christ entouré d’apôtres. Sur les voûtes, un ange sonne de l’oliphant, un serpent chasse Adam et Ève du Paradis terrestre tandis qu’un soldat terrasse une créature mystérieuse.

L’abbatiale Saint-Léger d’Ébreuil renferme un des ensembles de peinture romane les plus importants d’Auvergne. Ces peintures de la seconde moitié du XIe siècle recouvrent les parois des tribunes de la nef. Elles représentent St-Austremoine, le pape St-Clément, des épisodes des martyres de St-Pancrace et de Ste-Valérie de Limoges, de St-Michel terrassant le démon, de St-Georges terrassant le dragon, de l’Annonciation et de St-Raphaël remettant à Tobit le fiel de poisson. Dans les chapelles rayonnantes, sont peints des ex-votos des XVIe et XVIIe siècles.

En somme, si les ensembles polychromes n’étaient pas rares en Auvergne, ceux conservés aujourd’hui ne représentent qu’une infime partie des réalisations de l’époque romane. Les grands décors d’absides ont en effet disparu et l’on peut s’interroger sur leur composition initiale.

Les Vierges romanes auvergnates et le mythe des Vierges Noires…

Si, contrairement à aujourd’hui, l’intérieur des églises romanes était dépourvu de chaises, elles étaient en revanche dotées d’un riche mobilier sculpté dont la majeure partie a hélas disparu. Dès sa christianisation, l’Auvergne s’est trouvée liée au pouvoir catholique romain relayé par les ordres religieux, et la dévotion des auvergnats s’est toujours portée sur la figure de la Vierge Marie, notamment à partir de l’an mil. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que la moitié des représentations de Vierges à l’Enfant sont auvergnates.
Au milieu du XIIe siècle, répondant à une nécessité de changement dans l’organisation de l’Église, la réforme grégorienne purifie les mœurs ecclésiastiques. Le siège pontifical et certains milieux monastiques prennent de l’importance et vont avoir une forte influence sur l’architecture, la sculpture et la peinture. En Auvergne, les abbayes liées à Cluny ou à la Chaise-Dieu favorisent la diffusion des idées grégoriennes. Une réelle osmose existe ainsi entre l’Auvergne et le siège pontifical, tant et si bien que c’est à Clermont que le Pape Urbain II décide de prêcher la première croisade. Parallèlement, les pèlerinages  se multiplient, de même que des échanges avec Byzance. On assiste alors au développement du culte et de la représentation de Marie qui devient une figure emblématique de vie chrétienne. L’Auvergne devient alors, au XIIe siècle, une région majeure de figuration de Vierges à l’Enfant en Majesté. Ces statues prennent généralement place dans le chœur ou la crypte de l’église pour être vénérées avec les reliques. Hiératiques et frontales, elles sont souvent réalisées en bois peint ou ornées de plaques de métal. La Vierge porte l’Enfant qui n’est autre qu’un homme de taille réduite.
Mais on ne  peut pas parler des Vierges romanes auvergnates sans dire un mot des Vierges Noires. Ces dernières ne sont pas mentionnées dans les textes anciens avant le XVe siècle et pour cause : des recherches ont démontré que les Vierges noires romanes n’étaient pas noires d’origine. Objets de vénération lors des pèlerinages, les Vierges étaient systématiquement recouvertes d’un manteau qui ne laissait apparaître que leur visage et leurs mains. Le contact physique répété de ces parties avec les mains des pèlerins a eu pour conséquence leur encrassement, accentué par la fumée des cierges. Aussi, dès le XVe ou XVIe siècle, ces sculptures ont-t-elles été considérées noires depuis leur création et repeintes systématiquement de cette couleur sombre, entretenant un faux mystère qui dure depuis des siècles.

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Texte réalisé par le Centre d’art roman Georges-Duby
dans le cadre de l’exposition « Trob’Art – Art roman et Troubadours
en Auvergne » – 2004

© Pierre Deneuve